Prévention du suicide
1. Définition : le suicide est l’acte de se donner la mort volontairement.
Il peut correspondre à une crise psychique dont l’issue est la décision de
mourir.
- Ses principales causes :
Elles sont multifactorielles. Rentrent en ligne de compte, des facteurs
biologiques, neuropsychologiques, psychologiques, sociologiques,
environnementaux et d'autres encore qui peuvent se combiner entre eux
et augmenter le risque suicidaire (Courtet, 2010).
Le suicide est l'une des causes principales de mort dans le monde, avec une moyenne de 800 000 suicides par an, soit une personne toutes les 40 secondes.
Les causes peuvent correspondre à :
- des conduites et comportements rationnels, réfléchis, pouvant s'appuyer sur des considérations personnelles morales, philosophiques, religieuses ou sociales.
- des actes liés à une pathologie mentale.
- un besoin de fuir une situation inacceptable, trop douloureuse et supposée insurmontable.
- l’aboutissement d'une forte pulsion de mort qui, ne pouvant
s'extérioriser, est retournée contre soi-même.
- lorsqu’un acte suicidaire s’arrête à la tentative, il correspond souvent à
un appel au secours destiné à l’entourage proche qui semble ne pas
comprendre la détresse des plaintes exprimées par la personne
concernée.
2.Quels sont les principaux signes avant-coureurs ?
Le suicide peut être évité !
Une personne qui pense au suicide laisse souvent des indices :
- Se focalise sur une idée fixe à laquelle il revient constamment.
- Pense qu'il n'y a plus d'espoir et que la seule solution à sa douleur est le suicide.
- Trouve que la vie n'a aucun sens avec une perte du goût aux choses.
- Pense qu’elle n’a plus aucun contrôle sur sa vie.
- Mise en ordre des affaires en réglant les derniers détails et en se
débarrassant des objets qui lui sont chers.
- Procéder à des arrangements financiers, comme l'écriture précipitée
d'un testament.
- Peut soudainement insister pour faire ses adieux à des moments incongrus.
- Comportements dangereux ou imprudents (conduite sous l’emprise
de substances, prise excessive d’alcool, vitesse excessive, relations
sexuelles non protégées avec différents partenaires).
- Anxiété et tristesse importantes.
- Pleurs incontrôlables.
- Irritabilité et agressivité.
- Troubles du sommeil.
- Sentiment d’échec et d’inutilité avec une mauvaise image de soi et un
sentiment de dévalorisation.
- Impuissance à trouver des solutions à ses propres problèmes.
- Troubles de la mémoire.
- Perte d’appétit ou boulimie.
- Isolement.
- Le désespoir.
- Une souffrance psychique intense.
- Une réduction du sens des valeurs.
- Le cynisme.
- Un goût pour le morbide avec parfois la recherche soudaine d’armes à
feu ou de cordes.
3 Quels sont les symptômes des pensées suicidaires chez une personne ? :
Reconnaitre les signes émotionnels et mentaux :
- Souvent sujette à des sautes d'humeur excessives.
- Exprime de la colère, de la rage ou de la rancune.
- Sujette à un comportement excessivement anxieux et irascible.
- A des sentiments de culpabilité ou de honte ou l'impression d'être un
poids pour ses proches.
- Se sent souvent seule même lorsqu'elle est entourée.
- Peut exprimer un sentiment d'humiliation pour des raisons non
fondées dans la réalité.
Reconnaitre les avertissements verbaux sous forme de certains propos
pouvant démontrer du désespoir et une tendance suicidaire :
Verbalisation fréquente autour du sujet de vouloir mourir :
- « Ce n'est pas la peine ».
- « La vie ne vaut pas la peine d'être vécue ».
- « Ça n'a plus d'importance ».
- « Je ne serais plus là pour être leur souffre-douleur ».
- « Je leur manquerai quand je serai parti ».
- « Vous me regretterez quand je ne serai plus là ».
- « Je ne peux plus supporter la douleur ».
- « Je ne peux plus gérer, la vie est trop dure ».
- « Je suis tellement seul, j'ai envie de mourir ».
- « Vous mes amis, ma famille, vous irez mieux sans moi ».
- « La prochaine fois je prendrai assez de cachets pour en finir ».
- « Ne t'inquiète pas, je ne serai plus là pour m'en préoccuper ».
- « Je ne t'embêterai pas plus longtemps ».
- « Personne ne me comprend. Personne ne peut ressentir ce que je
ressens ».
- « J'ai l'mpression qu'il n'y a pas d'issue ».
- « Je ne peux rien faire pour améliorer les choses ».
- « Je serais mieux si j'étais mort ».
- « J'aurais aimé ne jamais venir au monde ».
Il est néanmoins essentiel de prêter attention aux améliorations
soudaines, c’est à ce moment-là que le risque est le plus important parce que la personne concernée par l’idée du suicide, a sans doutes, pris la décision de sa façon de procéder.
3.Comment évaluer le risque suicidaire chez une personne ?
Quels outils ou méthodes utiliser :
Il en existe de nombreux dont les suivants :
Grille d’évaluation (infosuicide.org) :
Pour les intervenants confrontés à l’aide aux personnes à tendance
suicidaire, les situations de crise sont lourdes et exigeantes.
Ils doivent repousser l’échéance du passage à l’acte tout en concevant un
plan de traitement.
4.Par ailleurs, ils doivent être en mesure de reconnaître les intentions de la personne en crise et discerner tous les éléments :
- Les abus d’alcool, de drogue, de médicaments.
- Les tentatives de suicide antérieures.
- Les antécédents psychiatriques ainsi que les problèmes de santé
mentale existant dans la famille, qui augmentent le risque suicidaire.
Concernant les enfants et les adolescents suicidaires ou à risque
suicidaire, l’évaluation peut être un peu différente : Lors des consultations pour des difficultés en lien avec la santé mentale il est intéressant d’utiliser l : « ‘Ask Suicide-Screening Questions (ASQ) » ou le « Bullying Insomnia Tobacco Stress Test (BITS) », notamment chez l’adolescent de plus de 12 ans, pour le dépistage des idées et conduites suicidaires récentes ou anciennes : « Bullying Insomnia Tobacco Stress » Test (BITS)
5 questions d’ouvertures :
-Traumatismes physique soignés (petits)
-Avoir été agressé
-Sommeil perturbé
-Cauchemars fréquents
-Tabac expérimenté
-Tabac quotidien
-Stress scolaire
-Absentéisme
-Stress familial
-Vie familiale désagréable
Peuvent alerter sur l’éventualité d’une problématique suicidaire.
De nouveaux comportements sont apparus ces dernières années avec
les réseaux sociaux, les influences du groupe (Bullying), ce qui a
augmenté le taux de TS. (1 ) Hawton K, & coll. Self-harm and suicide in adolescents. The Lancet. 2012.
6. Pour les soignants :
- Chez une personne connue ayant des troubles psychiatriques (troubles
anxio-dépressifs, troubles de la personnalité, conduites addictives, etc..),
une aggravation récente des troubles, perçue par le patient ou son
entourage doit alerter.
Le lieu d’accueil se doit d’être accueillant, sécurisant :
- Climat d’empathie, de non-jugement et de bienveillance.
- Respect de la confidentialité.
Il est néanmoins essentiel d’adapter l’évaluation au niveau
développemental de l’enfant ou de l’adolescent (âge), tout en
prenant en compte l’ensemble contextuel de sa vie (famille,
environnement, histoire).
Chez une personne sans troubles psychiatriques préalables :
- Symptomatologie physique inexpliquée, pouvant masquer un état
dépressif à retentissement vital ou à impact déstabilisant.
- Situation vécue comme stressante.
- Situations préoccupantes récentes pouvant avoir déclenché le
processus. - La présence d’idées sombres et leur fréquence avec
l’intention communiquée au praticien ou à des tiers (directement ou
indirectement).
- Le sentiment de désespoir accompagné de conduites de préparation de
l’acte.
- Des signes de vulnérabilité psychique, comme des troubles de l’image
de soi, de l’impulsivité, de l’agressivité qui facilite le passage à l’acte.
- Une instabilité comportementale avec une tendance à l’anxiété.
- Des attaques de panique.
7 Des changements de comportements récents avec une modification de
la vie relationnelle.
- Des conduites à risque.
- Idées envahissantes, rumination.
- Recherche d’aide.
- Attitude négatives par rapport à des propositions de soins.
- Des éléments d’impulsivité : tension psychique, instabilité
comportementale, agitation motrice, état de panique, fugues ou actes
violents.
- Un éventuel élément précipitant : conflit, échec, rupture, perte.
- La présence de moyens létaux à disposition : armes, médicaments,
etc…
Repérer une crise suicidaire peut être différent chez les enfants, les
adolescents, les adultes et les personnes âgées. C’est une problématique
de sécurité de premier plan pour les organisations de soins de santé. Le
besoin de recenser et de comprendre les outils d’évaluation du risque
suicidaire afin d’assurer la sécurité des patients est aujourd’hui essentiel.
9. Les différentes approches thérapeutiques utilisées dans la prévention du
suicide :
Selon l’HAS (Haute Autorité de Santé) :
- Reconnaître la crise
- En apprécier la dangerosité et l’urgence
- Quels modes d’intervention proposer ?
- Chercher les troubles internalisés
- Prendre en compte les conduites externalisées
- Troubles biologiques = sommeil et cauchemars
- Troubles psychologiques = stress familial ou scolaire
- Trouble social = brimades et bagarres
- Acte choisi = tabac, drogue, alcool
- TS au moins 1 fois dans la vie
- La conceptualisation de la crise suicidaire
10
- Le repérage et l'évaluation de la crise suicidaire
- Les modes d'intervention
- Le suivi de crise
Les professionnels et intervenants sollicités doivent envisager et
organiser une continuité des soins suite à la prise en charge initiale.
Orienter la personne qui présente des facteurs de risque est quelque fois
complexe en raison de la résistance qu’elle peut présenter à une
hospitalisation ou à la médication.
L’approche systémique (professionnels, famille, entourage), peut être
proposée après à la mise en place d’une alliance thérapeutique afin
d’éviter une rupture de la continuité des soins.
La formation et l’information des professionnels de la santé mentale ou
des médecins référents se trouve être une base quant au choix de
l’approche thérapeutique à mettre en place lors de la découverte d’une
crise suicidaire.
11.Quel rôle joue le soutien social et familial dans la prévention du suicide ?
La famille ainsi que toutes les structures spécifiques en lien avec les
problématiques psychologiques, (Centres Médicaux Psychologiques,
hôpitaux de jours en addictologie, points stratégiques recevant les
adolescents en perte de repère etc..), se doivent de favoriser la prise en
charge globale dès les premiers signes de crise suicidaire.
12 .Quelles sont les stratégies les plus efficaces pour aider une personne ayant des pensées suicidaires ?
Tout dépend de la situation. Si la personne présente des signes dans un contexte familial, tous les membres doivent savoir les identifier afin de la sécuriser rapidement et l’accompagner vers une structure ou un professionnel en libéral.
Si la personne est âgée et seule, les stratégies sont bien plus complexes
étant donné que les premiers signaux dont le repli sur elle-même,
l’isolement, l’arrêt de l’alimentation, le refus de soins, ne peuvent être
identifiés sans entourage.
Si la personne est un enfant ou un adolescent, il est essentiel de savoir
l’entendre, le sécuriser et l’accompagner vers des professionnels dès les
premiers signes.
Reconnaitre les facteurs de risque
L’évaluation psychiatrique soigneuse pour reconnaître les facteurs de
risques face à une crise suicidaire majeure ou grave est nécessaire.
- A court terme :
- Prendre en compte l'histoire de la personne et les circonstances
présentes.
- Les expériences d'un individu, qu'elles soient récentes ou anciennes,
peuvent présenter un facteur élevé de risque.
- La mort d'un proche, la perte d'un emploi ou un problème de santé
important (en particulier s'il est lié à une douleur chronique).
- Le harcèlement et d'autres évènements facteurs de stress peuvent
déclencher des tendances suicidaires et présenter un risque plus
élevé.
- à long terme :
- Les tentatives de suicide passées sont un élément déterminant.
- Quelqu'un qui a déjà tenté de se suicider peut recommencer. (1/5 des
personnes qui se suicident n'en étaient pas à leur première tentative).
- Un passé marqué par la violence physique, psychologique ou sexuelle,
présente un risque plus élevé.
- La présence sous-jacente ou passée d'un problème mental, tel qu'un
trouble bipolaire, une dépression majeure ou la schizophrénie,
présente un facteur de risque majeur. (90 % des cas de suicides sont
liés à une dépression ou à un autre problème mental et 66 % des
victimes de pensées suicidaires sérieuses sont également victimes
d'un problème mental).
- Les personnes sujettes à des troubles du comportement caractérisé
par l'anxiété ou l'agitation (tel que le trouble de stress post-
traumatique) et par un comportement impulsif (tels que le trouble
bipolaire, ou des problèmes de substance), sont plus susceptibles de
préparer leur suicide et de faire des tentatives.
13.Quels sont les principaux obstacles dans la prévention du suicide ?
- la stigmatisation de la problématique du suicide, ce qui peut empêcher
une personne de chercher de l’aide et représente donc un obstacle.
- un accès limité ou une disponibilité insuffisante des services de santé
mentale peut entraver la démarche de prise en charge.
- le manque de soutien familial ou l’isolement social peut augmenter
rapidement le risque de passage à l’acte et faire obstacle à la prévention.
- la précarité des conditions de vie est un obstacle important dans la
prévention du suicide
- comment les surmonter ?
Il est essentiel d’étendre la sensibilisation sur tous les plans sociaux,
médicaux, et scolaires.
Actuellement un numéro a été mis en place sur le plan national (3614).
Cette stratégie d’alerte va peut-être permettre de sauver des vies.
14.Comment aborder la question du suicide avec une personne réticente à en parler ?
Il est tout d’abord essentiel d’agir avec empathie et bienveillance.
Ces clés peuvent permettre d’aider une personne réticente :
- Avant d’aborder le sujet, la personne doit se sentir en confiance.
- Choisir un moment calme et un lieu propice à la discussion.
- Écouter sans jugement.
- Laisser la personne s’exprimer librement.
- Accepter les silences en faisant preuve d’une grande patience.
- Éviter de la brusquer ou de la questionner de manière intrusive.
- Valider ses émotions.
- Si la personne évoque des idées suicidaires, il est essentiel de ne pas
minimiser sa souffrance.
- Lui exprimer le fait qu’elle est comprise et que nous sommes là pour
elle.
- Savoir poser des questions claires et directes sur ses intentions
suicidaires.
- Valider ses émotions.
15.Quels conseils donner aux proches d’une personne qui montre des signes de détresse suicidaire ?
Si la personne en question est un adolescent ou un enfant :
- Vérifier si le jeune se met en danger du point de vue de la justice ou
des différents règlements.
- S’il vit une rupture amoureuse.
- S’il n’est pas accepté dans l'école ou l'université dont il rêvait.
- S’il a perdu un ami proche.
- S’il a soudain des difficultés sociales ou se retire de son groupe
d'amis.
- S’il ne prend plus soin de lui et ne se soucie plus de son apparence.
- S’il dessine ou peint des scènes de mort.
- S’il présente des changements de comportement soudains, ou une
chute alarmante des notes.
- S’il change brusquement de personnalité.
- S’il présente des comportements de rébellion soudaine avec des
pensées obsessionnelles.
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